Dans le cadre du soixantième anniversaire de la décolonisation en Afrique subsaharienne, le journal «Jeune Afrique» a interviewé l’historien Achille Mbembe, Camerounais, professeur à l’université Witwatersrand à Johannesburg. Il porte un regard critique sur les années qui ont suivi les indépendances et propose une vision pour l’avenir. Nous la partageons volontiers en la résumant :

Pouvoir aux communautés

«L’enjeu final, c’est la survie de notre espèce et la continuité du vivant. Notre objectif doit être de rendre notre continent habitable, de faire en sorte que les générations montantes n’éprouvent nulle envie de fuir leur pays. Le défi est de reconstituer les réserves intellectuelles, morales, culturelles et artistiques nécessaires aux luttes d’aujourd’hui et de demain. Au travers de toutes nos forces internes, à commencer par les femmes et les jeunes, nous sommes appelés à imaginer de nouvelles formes d’actions. Il nous faut organiser une grande transition. Son but serait une ample rétrocession du pouvoir aux communautés. (Re)mettre l’Afrique debout suppose que nous élaborions ensemble à petite échelle des actions de relocalisation de l’économie. Cette nouvelle économie doit être orientée vers les besoins locaux, ceux de première nécessité.»

Solutions locales

Les actions de Nouvelle Planète s’inscrivent pleinement dans la démarche préconisée par Achille Mbembe. D’une part, nous mettons l’accent sur la protection du vivant dans son ensemble. Concernant cette préoccupation, nous nous fondons sur l’éthique du respect de la vie d’Albert Schweitzer qui disait : «Je suis vie qui veut vivre au milieu d’autres vies qui veulent vivre.» Tous nos projets disposent désormais d’une composante environnementale. D’autre part, nous répondons aux demandes formulées par des groupements villageois et en prenant en compte celles des femmes, Nouvelle Planète soutient les familles d’agriculteurs et de petits artisans dans la mise en place d’un tissu économique local répondant aux besoins locaux. Autrement dit : «Avec eux et pour eux» afin d’améliorer leur qualité de vie.

Petit à petit et sans prétention, avec des actions concrètes dans nos régions d’intervention, il est possible de faire naître des oasis d’espoir et de changements.

Philippe Randin