Burkina Faso - L’intervention d’une animatrice a permis au petit crédit de prendre de l’ampleur. Les moutons acquis dans le cadre de l’appel de 2024 se multiplient.
BCOD, partenaire stratégique de Nouvelle Planète, a joué un rôle clé en mobilisant Fatimatou Bala, une experte en petits crédits en provenance du Cameroun. Ayant appris la visite de cette spécialiste en Afrique de l’Ouest, il a sollicité sa présence et ses compétences. Son objectif : former non seulement l’équipe locale, mais aussi les divers groupements féminins de la commune de Didyr, où se concentrent nos interventions.
Mettre en place un petit crédit au sein de groupements de femmes analphabètes reste complexe. C’est pourquoi la méthode adoptée commence en douceur et évolue progressivement. La première étape consiste à créer un groupe baptisé AVEC (Association de Volontaires pour l’Épargne et le Crédit), limité à 25 membres issues d’un groupement maraîcher villageois. Chaque membre se voit attribuer un carnet de compte. Le groupement reçoit une caisse sécurisée, verrouillée par trois cadenas. Seules les trois responsables du groupe peuvent ouvrir cette caisse ensemble.
Chaque semaine, les membres déposent leur épargne individuelle dans la caisse et les sommes sont notées dans le carnet personnel de chacune. Après six mois, l’animatrice de la commune réunit les membres pour discuter de la répartition de l’épargne accumulée. Au début, les femmes ne peuvent retirer que le montant de leur épargne, qu’elles remboursent même avec un intérêt, tout en continuant d’épargner.
L’étape suivante consiste à proposer des crédits en fonction des projets des membres. Certaines femmes peuvent bénéficier de montants plus importants, tandis que d’autres patienteront pour en bénéficier à leur tour.
La stratégie mise en place génère rapidement des résultats tangibles. Au début, les femmes utilisent les crédits pour financer des micro-projets tels que la vente de galettes sur les marchés. Puis, leurs projets deviennent plus ambitieux : achat en gros avec vente au détail ou acquisition de moutons. Lorsque les sommes en jeu deviennent plus conséquentes, une nouvelle étape se profile avec le dépôt des fonds à la banque locale. Ce processus permet au groupe d’accéder à des crédits bancaires pour des projets collectifs. L’inscription des groupements comme coopératives simplifie ces démarches.
Le risque est limité dans ce système. En cas de difficultés pour rembourser, il est possible de ponctionner les récoltes pour compenser les insuffisances. Cependant, cela reste une situation exceptionnelle. En effet, les femmes sont pleinement conscientes des bénéfices apportés par ces projets et n’ont aucune envie de compromettre leur autonomie, durement acquise.
En avril 2024, vous avez été 84 à répondre à notre appel concernant l’acquisition de moutons. Nous avons reçu CHF 14 104.– qui ont permis aux femmes d’acquérir 270 moutons. Merci de tout coeur.
Philippe Randin