Des femmes pêchent les derniers poissons dans les rizières déjà fauchées.

Madagascar - Les habitants d’Ambohimandroso ont tiré profit du projet d’irrigation agricole pour développer de nouvelles activités économiques.

Nous marchons en équilibristes sur les murets de terre délimitant les rizières de la plaine d’Ambohimandroso. Soudainement, un poisson saute hors de l’eau. Interloqué par cette apparition, j’interroge l’agriculteur Augustin Rafanomezantsoa qui nous accompagne vers la retenue d’eau, dont nous avons financé la réalisation il y a plus de deux ans : « Est-ce habituel que des poissons se perdent dans les rizières ? » Il esquisse un sourire : « Nous développons la rizipisciculture ».

Activités complémentaires

L’agriculteur poursuit : « La retenue d’eau permet une irrigation continue de plus de 120 hectares. 38 familles ont saisi l’occasion pour élever des poissons en même temps que l’on y cultive du riz. 10 autres familles ont opté pour l’élevage de canards. Grâce à ces activités, nous pouvons gagner l’équivalent de CHF 2.50.– par jour. C’est un revenu très appréciable. » Augustin complète : « De mon côté, j’ai introduit 300 alvins dans ma rizière et je prévois de vendre une centaine de kilos de poisson ».

Une quarantaine de familles ne disposent pas de leurs propres champs, c’est la couche sociale la plus vulnérable. Pour ne pas rester en rade, elles ont négocié avec des propriétaires pour y pratiquer ces activités complémentaires. Comme le disent nos interlocuteurs : « C’est une opportunité inespérée pour améliorer nos conditions de vie ». La présence de poissons dans les rizières assure en plus une diminution des mauvaises herbes, une bonne fertilisation, une meilleure oxygénation et une action équivalente au binage.

3 x plus

Ces résultats s’ajoutent à ceux liés à l’agriculture. L’irrigation des champs a permis d’augmenter les surfaces cultivées et d’améliorer les rendements rizicoles : de 0.6 tonnes à l’hectare avant l’intervention, on est passé à 1,8 tonnes en 2023 pour atteindre 2.8 tonnes en 2024 ! Par ailleurs, les cultures de contre-saison prennent de l’ampleur. Ces résultats positifs témoignent d’une capacité d’investissement des agriculteurs. 90% des terres sont cultivées en 2024 contre 36.3% en 2023. On y trouve des pommes de terre, des petits-pois, des haricots, du blé ou des plantes fourragères.

Augustin Rafanomezantsoa conclut : « Vous n’avez aucune idée à quel point cet ouvrage a changé notre vie. Nous mettons tout en oeuvre pour garantir ces acquis ».

Xavier Mühlethaler